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« J’ai arrêté les céréales et j'ai gagné 10 % sur mon autonomie alimentaire sur la ration de mes brebis laitières »

Dans l’Aveyron, Olivier Berdaguer a optimisé ses surfaces de cultures et de pâturage dans l’objectif de gagner en autonomie sur la ration de ses brebis laitières.

Au Gaec Laporte, à Flavin, au cœur de l’Aveyron, les 350 brebis laitières et les 120 agnelles ont une ration plus écologique depuis quelque temps. En effet, les quatre associés ont fait le choix d’arrêter la culture de céréales pour libérer des parcelles et gagner en autonomie fourragère. Olivier Berdaguer, 25 ans, explique : « Nous avons remplacé les céréales par du maïs ensilage, car cela est mieux assimilable par les brebis et fait monter les taux. Le maïs a également l’intérêt de provoquer moins d’acidoses ». La problématique du Gaec, c’est l’impossibilité d’agrandir la surface agricole. La proximité avec la ville de Rodez rend inaccessible les terrains alentour. « Il nous fallait donc gagner en autonomie fourragère avec les surfaces dont nous disposions. »

Près de 10 % d’autonomie fourragère et protéique en plus

Sur les 50 hectares que compte l’exploitation, le maïs représente 10 hectares. Le reste se compose de 10 hectares de prairies naturelles et 30 hectares de prairies temporaires et de luzernières. « Nous effectuons chaque année un sur semis de méteil fourrager dans la luzerne pour apporter de l’énergie », explique le jeune éleveur, installé en 2019. Au niveau de l’autonomie protéique, l’exploitation est passée de 84 à 95 % avec l’amélioration de la qualité des fourrages, tandis que l’autonomie fourragère, elle, est passée de 87 à 97 % avec l’arrêt des céréales. Le cheptel a été un peu diminué pour sécuriser les stocks, mais en parallèle, la production par brebis à augmenter, aussi les résultats du Gaec n’ont pas souffert.

Des plaquettes de bois pour la litière

Seul bémol à l’arrêt des céréales, les éleveurs doivent dorénavant acheter la totalité de la paille pour la litière. Mais là encore des solutions existent : « Nous broyons nos haies ainsi que les déchets verts que nous récupérons de notre commune. Ainsi, les plaquettes obtenues permettent de limiter les achats de paille ». Et l’éleveur ne va pas se contenter de cela, il réfléchit d’ores et déjà à implanter du miscanthus ou encore à revenir à une petite surface de céréale à paille.

Des inséminations sur chaleur naturelle en brebis laitières

« Nous avons franchi un pas important en mettant en place les inséminations artificielles sur chaleur naturelle pour toutes nos brebis », se félicite Olivier Berdaguer. Un bélier vasectomisé muni d’un tablier marqueur va permettre d’identifier les brebis qui sont prêtes pour l’insémination artificielle. « L’inséminateur vient le jour même ou le lendemain au plus tard avec le nombre de paillettes que nous indiquons par téléphone et l’insémination artificielle est faite ainsi. » Cela permet aux associés du Gaec Laporte de s’affranchir des hormones de synthèse telles que la PMSG dont le processus de fabrication est sujet à controverse. Le troupeau étant conduit en bio, l’insémination artificielle sur chaleur naturelle n’est pas en conflit avec le cahier des charges et permet à l’élevage de bénéficier du progrès génétique de la sélection en lacaune.

Benoit Nougadère, service élevage de la Confédération du roquefort

Un fumier plus efficace avec les micro-organismes efficients

« Dans l’optique de gagner en autonomie fourragère, un des leviers était d’apporter plus de matière organique dans les sols pour produire plus et mieux. Pour cela, nous avons cherché à mieux valoriser les effluents d’élevage, donc avoir un fumier en plus grande quantité, en paillant davantage et de meilleure qualité. Nous avons eu recours aux micro-organismes efficients (ou EM) qui vont être dispersés sur les bottes de paille avant de les dérouler pour la litière. Les EM existent en version pulvérulente ou liquide, je recommande cette dernière forme, plus adaptée à la brebis laitière. Lorsque le fumier est sorti, il doit être placé deux mois sous une bâche. Les EM vont alors faire fermenter le fumier, en évitant son pourrissement et en limitant les pertes dues à l’évaporation. Un fumier « normal » va perdre jusqu’à 40 % de sa masse entre la sortie de bergerie et l’épandage en champs, ici la perte n’est que de l’ordre de 6 %. Les émissions de protoxyde d’azote, gaz très polluant en agriculture, sont très limitées avec cet ajout de micro-organismes. L’investissement reste limité, il faut compter autour de 500 euros par an. »

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