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Bois et vin, des liens toujours plus forts

Le bois était à l’honneur lors de la 17e matinée des œnologues de Bordeaux le 8 mars 2019. Voici ce qu’il faut en retenir.

Le bois et le vin, une relation qui s'inscrit dans la durée. Deux experts de la sylviculture ont affirmé que les forêts de chêne n'étaient pas en danger à court et moyen terme
© P. Cronenberger

Les forêts de chênes ont une croissance soutenue

« Il y a vingt ans, on pensait que la pollution allait détruire les forêts, a introduit François Lebourgeois, professeur d’écologie des arbres forestiers à l’université de Lorraine et à l’AgroParisTech. On observe aujourd’hui que les arbres poussent de plus en plus vite en hauteur et en largeur ». Si les raisons à cela sont encore floues, les experts affirment que les populations de chênes sessiles et pédonculés, utilisés en œnologie, ne sont pas menacées. Du moins à court et moyen termes. « Il existe des incertitudes sur les évolutions qualitatives, car des phénomènes de dépérissement liés au réchauffement climatique ont été observés », a toutefois noté Fabienne Benest, cheffe du département écosystèmes forestiers à l’institut national de l’information géographique et forestière (IGN). Les inventaires réalisés par l’IGN révèlent par ailleurs une forte dynamique de colonisation des forêts du Val de Loire par le chêne pubescent, pourtant originaire de Méditerranée. À l’avenir, il faudra peut-être évaluer le potentiel œnologique de cette espèce. « En foresterie, nous n’en sommes pas du tout au stade de création variétale comme en vigne ; nous commençons seulement à observer la diversité génétique », a indiqué François Lebourgeois.

Sauvignon blanc et grands contenants font la paire

Élever en barrique des vins de sauvignon blanc est un choix cornélien. « Les arômes du bois peuvent rapidement masquer ceux du cépage », a expliqué Valérie Lavigne, chargée de recherche à l’ISVV. « Pourtant, le fût apporte de la complexité et préserve les vins de la réduction, courant avec l’élevage sur lies », poursuit-elle. Face à ce dilemme, la chercheuse a réalisé des essais en vue d’évaluer l’influence de quatre modalités d’élevage sur l’expression aromatique du sauvignon blanc. Barrique neuve, barrique de deux vins, cuve bois et cuve inox ont été mis à l’épreuve durant six mois. Des consommateurs ont ensuite jugé les vins en fonction de leurs attentes. « L’expression du cépage est reconnue meilleure par le jury avec la cuve bois de grande capacité », a dévoilé Valérie Lavigne. Les vins élevés en cuve inox et ceux élevés en barrique de deux vins n’ont quant à eux pas été différenciés.

Les vignerons de Buzet tablent sur la biodiversité

Le domaine de Gueyze, dans le Lot-et-Garonne, est le laboratoire expérimental grandeur nature des vignerons de Buzet. Ils y testent un ensemble de pratiques culturales en faveur du développement durable. En 2011, ils réalisent un diagnostic de biodiversité et prennent dans la foulée un ensemble de mesures visant à la développer. Parmi celles-ci figure la plantation de haies arbustives sur 1 500 m. « Ces haies ont plusieurs rôles, a indiqué Carine Magot, responsable vignoble des vignerons de Buzet. Elles relient les zones boisées alentour les unes aux autres, servent de réservoir écologique et agissent comme un tampon sur le microclimat. » Cela en plus de protéger les sols de l’érosion et de retenir l’eau. Le second diagnostic de biodiversité en 2015 a révélé une augmentation de 35 % du nombre d’espèces floristiques. « Nous avons également comptabilisé 12 nouvelles espèces faunistiques », a complété Carine Magot. D’autres actions menées en parallèle, comme l’arrêt du broyage et des fertilisants chimiques contribuent aussi à expliquer ce constat. En 2019, la cave coopérative entre dans une nouvelle vague d’expérimentation, avec le lancement sur 10 hectares d’un projet d’agroforesterie. « Nous allons suivre de près les effets sur le bilan carbone et humique ainsi que sur le microclimat et la fertilité des sols », s’est réjouie Carine Magot.

 

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