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Pesticides et santé : nouvelle « confirmation de présomptions fortes de liens » avec certaines maladies (Inserm)

L’expertise réactualisée de l’Inserm « confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies », dont le cancer de la prostate et les lymphomes non hodgkiniens. Les pyréthrinoïdes sont désormais mises en cause dans des risques pour le développement des enfants.

« la confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doivent orienter les actions publiques vers une meilleure protection des populations », affirment les experts de l'Inserm. © V. Marmuse
« la confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doivent orienter les actions publiques vers une meilleure protection des populations », affirment les experts de l'Inserm.
© V. Marmuse

Trois années de travail, 5 300 études épluchées par douze experts… L’Inserm a actualisé son expertise collective sur les rapports entre pesticides et santé, dont la première mouture avait été publiée en 2013, sur la base des nouvelles données disponibles. Et l’institut enfonce le clou : « la confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doivent orienter les actions publiques vers une meilleure protection des populations », affirment les experts.

Des présomptions fortes de lien entre pesticides et six maladies

Concernant l’impact de l’emploi des produits phytosanitaires dans le cadre d’un usage professionnel (manipulation ou contact régulier avec ces produits), la synthèse souligne que « l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies », qui sont :

  • lymphomes non hodgkiniens (LNH),
  • myélome multiple
  • cancer de la prostate,
  • maladie de Parkinson, troubles cognitifs,
  • bronchopneumopathie chronique obstructive,
  • bronchite chronique.

 

Sur la base de la littérature scientifique existante, les experts ont établi s’il y avait une présomption faible, moyenne ou forte de lien entre les pesticides et certaines maladies. Cette qualification du lien s’appuie sur le nombre d’études disponible, leur qualité, et les résultats statistiques qu’elles apportent.

L’entrée se fait par la pathologie, et non par produit ou molécule. « Pour qualifier le lien, nous évoquons la plupart du temps les pesticides en général, et non telle ou telle molécule en particulier, car il est très compliqué de faire un lien avec un produit », ont expliqué les chercheurs de l’Inserm lors d’une conférence de presse, le 30 juin. Outre les complexes effets cocktails, des produits désormais interdits mais subsistant dans l'environnement peuvent encore avoir des effets. De même, « certaines expositions d'hier font les maladies d'aujourd'hui », soulignent les spécialistes. Aucune approche particulière n'a été menée sur les produits autorisés en agriculture biologique.

Dans le cas des lymphomes non hodgkiniens, il a toutefois « été possible de préciser des liens (présomption forte) avec des substances actives (malathion, diazinon, lindane, DDT) et avec une famille chimique de pesticides (organophosphorés), et pour la maladie de Parkinson et les troubles cognitifs avec les insecticides organochlorés et les organophosphorés, respectivement ».

« Les organophosphorés ont beaucoup évolué au cours du temps, avec des produits actuellement moins intrinsèquement toxiques en termes de toxicité aiguë, indiquent les chercheurs. Il y a toutefois des liens forts de certaines maladies avec les organophosphorés de 3e génération, auxquels s’ajoutent maintenant les pyréthrinoïdes. »

Les pyréthrinoïdes, risque pour le développement de l’enfant

Pour les pyréthrinoïdes, des insecticides couramment utilisés, « les nouvelles études mettent en évidence un lien entre l’exposition pendant la grossesse et l’augmentation des troubles du comportement de type internalisé tels que l’anxiété chez les enfants », conclut le rapport. L’agriculture n’est d’ailleurs pas seule en cause : « comme le montrent les études récentes d’expologie, ces insecticides, qui ont été à la fois utilisés en agriculture mais également dans les sphères domestiques, induisent une contamination fréquente des environnements intérieurs. »

Les experts ont aussi focalisé leur attention sur le cas du glyphosate. Ils ont conclu à « l’existence d’un risque accru de LNH avec une présomption moyenne de lien ». D’autres sur-risques sont évoqués pour le myélome multiple et les leucémies, mais les résultats sont moins solides (présomption faible).

Peu de données disponibles sur les fongicides

Les chercheurs de l’Inserm insistent également sur la nécessité de mieux étudier l’impact des fongicides, pour lesquels il existe peu de données actuellement, alors que ces produits font partie des phytos les plus employés en France.

De même, les scientifiques voient dans cette expertise « la confirmation de l’importance d’étudier les populations vulnérables, comme les enfants ou les riverains ». Concernant cette dernière catégorie, « les études présentent des limites importantes liées à l’évaluation fine de l’exposition ou à l’absence de données individuelles, ce qui rend le niveau de présomption faible ». Le rapport relève toutefois que « des études suggèrent un lien entre l’exposition des riverains des terres agricoles et la maladie de Parkinson ».

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