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Blonde d’Aquitaine : les taureaux qualifiés « Viande Vêlage Facile » font des adeptes

Le 4 avril, à la station raciale de Doux, dans les Deux-Sèvres, s’est tenue la première vente physique d’une série de taureaux « Viande Vêlage Facile ». L’occasion de voir l’émulation collective que suscite cette qualification fraîchement lancée par Blonde Génétique, dont le recrutement est axé sur le phénotype viande et les facilités de naissance. Autour du ring, apporteurs et acheteurs témoignent.

« Un nombre croissant d’éleveurs nous sollicitaient pour se procurer des taureaux de type mixte ou viande, dotés de bonnes facilités de naissance », explique Jérôme Nègre, responsable technique et commercial de Blonde Génétique (1), qui retrace la naissance de la qualification « Viande Vêlage Facile » (VVF). Il poursuit : « Nous nous sommes rendu compte que nous avions des veaux à proposer dans ce profil mais ces derniers, de plus petit gabarit - souvent issus de taureaux d’IA vêlage facile et de mère génisse - avaient tendance à passer inaperçus en série classique ». Blonde Génétique a alors cherché un moyen de les mettre davantage en avant, sans qu’ils ne soient comparés à des mastodontes beaucoup plus axés sur les performances de croissance. C’est pourquoi l’équipe a établi une sélection ciblée et une vente spécifique à cette catégorie il y a maintenant quatre ans.

Un index de facilité de naissance égal ou supérieur à 100

Le recrutement des VVF est calqué sur celui des taureaux qualifiés et espoirs, mais ce sont trois séries au lieu de cinq qui sont proposées à la vente chaque année, élargissant ainsi la fourchette d’âge. La qualité des index de facilité de naissance sur ascendance est déterminante. Les techniciens ne retiennent que des veaux qui présentent une valeur moyenne IFNAIS égale ou supérieure à 100. Ce critère est croisé avec le poids et les conditions de naissance. « Les veaux de plus de 60 kg à la naissance ou bien nés de césarienne sont écartés d’office », rapporte Jérôme Nègre, avant de préciser « ils sont recherchés pour des accouplements sur génisses en priorité ».

En comparaison aux séries classiques, les jeunes taureaux VVF séjournent trois mois en station d’évaluation, contre cinq pour les autres. « Leur placement est intéressant puisque les frais de pension sont de l’ordre de 500 à 600 € pour les éleveurs apporteurs, au lieu de 1 080 €. » Ce moindre risque a décidé le Gaec Lefort & Fils, situé à Lys-Haut-Layon dans le Maine-et-Loire, à proposer un VVF cette année. Eux qui ont assisté à la vente de leur veau, adjugé à 4 900 €, s’estiment « largement gagnants ». La mise à prix aussi est un peu plus abordable pour les acheteurs : elle varie de 2 700 € à 3 200 €, suivant si le veau est labellisé "reconnu vêlage facile", "diffusion" ou bien "espoir". L’EARL de l’Angelier, basée à Chemillé-en-Anjou dans le Maine-et-Loire, s’est laissée séduire par les prix attractifs de cette dernière série. Pour sa première participation, Fabrice Chiron a acheté quatre taureaux orientés viande dont un VVF. Ce dernier élève 140 blondes d’Aquitaine (non inscrites), conduites 100 % en monte naturelle. Il engraisse des taurillons et des vaches jeunes, valorisés en boucherie traditionnelle. « Les producteurs de viande sont particulièrement demandeurs de VVF », relève Jérôme Nègre.

Un temps de séjour raccourci en station d’évaluation

Compte tenu de leur temps de séjour plus court en pension, l’équipe Blonde Génétique a défini un « protocole maison » pour les taureaux VVF. Deux périodes de contrôle ont lieu, incluant une pesée en début et en fin de contrôle pour chiffrer leur GMQ. Sur le catalogue de vente figurent le même niveau d’information sur l’ascendance et les index IBOVAL. « Nous effectuons des mensurations externes équivalentes, hormis pour l’ouverture pelvienne. Depuis peu, les taureaux bénéficient aussi d’une note sur la finesse du cuir, critère de comparaison particulièrement apprécié par les éleveurs », précise le responsable technique et commercial de Blonde Génétique. Sur la conduite alimentaire, la ration d’adaptation est raccourcie à quatorze jours. Elle se compose de paille à volonté et de 3 kg d’aliment complet au démarrage, augmentés par tranche de 500 grammes au fur et à mesure pour arriver à 1,6 kg d’aliment pour 100 kg de poids vif. Dans la dernière série, les taureaux étaient âgés de dix à treize mois en fin de contrôle. Leur poids se situait à 550 kg en moyenne, pour des gains moyens quotidiens variant de 1200 à 2100 g/j en contrôle.

(1) La société Blonde Génétique est l’organisme officiel de sélection et de commercialisation en race blonde d’Aquitaine au service de tous les éleveurs, adhérents et non adhérents. Son rôle premier est l’évaluation et la qualification de jeunes taureaux destinés au schéma de sélection et à la monte naturelle.

Des attentes confirmées

Le 4 avril, à la station d’évaluation raciale de Doux, dans les Deux-Sèvres, la onzième vente de taureaux « Viande Vêlage Facile » avait une saveur particulière, puisqu’il s’agissait de la première organisée en présentiel. L’opportunité pour Blonde Génétique de prendre le pouls en direct. « Cette série, composée de treize veaux, était particulièrement étoffée », souligne Jérôme Nègre. Présentée à la suite de la vente des taureaux qualifiés, l’équipe craignait que la série précédente lui fasse de l’ombre. « Or, nous avons constaté un nouvel élan, aussi bien dans l’assemblée que sur internet, à l’entrée des taureaux VVF sur le ring, signe que les éleveurs sont en attente de ce type d’animaux », partage Éric Hontang, basé à Samadet dans les Landes, fidèle apporteur de la station et présent dans les gradins ce jour-là. La totalité des veaux aux enchères a trouvé preneur, à une moyenne de prix de 4 233 €, contre 5 013 € pour les veaux qualifiés et 2 950 € pour les veaux espoirs. « Nous avons d’ores et déjà sélectionné en ferme une trentaine de veaux VVF pour composer la prochaine série, qui sera proposée aux enchères en septembre 2024 », ajoute Jérôme Nègre, qui se félicite de la montée en puissance des effectifs.

Retrouvez le bilan complet de la vente ici
 
Vente aux enchères des mâles de race blonde d'Aquitaine qualifiés VVF à la station d'évaluation à Doux, dans les Deux-Sèvres
Guillaume Martel, associé du Gaec GS Martel, au Teilleul dans la Manche, 135 ha, 3 UTH, 75 vêlages en système naisseur engraisseur en race blonde d’Aquitaine, 350 000 l de lait en race normande. Aussi président de l’association Blonde d’Aquitaine dans la Manche. © L. Pouchard

« Des taureaux spécifiques pour sécuriser le début de carrière de nos vaches »

« Nous avons acheté notre premier taureau en station d’évaluation en 2009. Aujourd’hui, environ la moitié provient de Casteljaloux ou de Doux. Nous sommes également apporteurs réguliers depuis quatre à cinq ans. Nous nous sommes intéressés aux jeunes taureaux VVF récemment, dans le but de sécuriser le début de carrières de nos femelles reproductrices. Ce choix fait suite à notre expérience personnelle, où nous avions eu tendance à utiliser des taureaux pas suffisamment indexés en facilité de naissance pour une mise à la reproduction sur nos génisses, qui vêlent en moyenne à l’âge de 32 mois. Ceci nous a porté préjudice. Nous devions davantage assister les mises bas, nous rencontrions parfois des complications après vêlage (déchirures, métrites), et la remise à la reproduction pouvait s’avérer un peu plus compliquée. L’intervalle vêlage-vêlage moyen de notre troupeau, qui était fixé à 375 jours, a eu tendance à s’allonger, pour atteindre 390 jours en 2023. L’achat de reproducteurs VVF s’inscrit dans notre volonté de rectifier le tir. La blonde d’Aquitaine est une race assez tardive, il est donc primordial que le premier vêlage se déroule sans encombre. Dans le cadre de cette vente, nous avons réussi à acquérir un veau affichant un index IFNAIS de 112, à 4 900 €. Le niveau de prix moyen atteint pour cette série prouve que la demande est là. Investir sur des taureaux plus jeunes nécessite, certes, d’avancer un peu de trésorerie mais nous avons tendance aussi à les mettre plus vite à la reproduction sur des génisses. À l’âge de 18-20 mois, ils sont prêts à saillir. »

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