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Comment réduire le bilan carbone du poulet?

Diminuer les taux de protéines brutes et de tourteau de soja de l’aliment des poulets diminue leur impact environnemental sans pénaliser leurs performances et augmente l’autonomie protéique de la filière.

« Réduire l’impact environnemental de la production du poulet est devenu essentiel pour le secteur de la nutrition animale » a souligné Jaap van Milgen, de l’Inrae, en introduisant une rencontre avec des fabricants d’aliments, organisée par Altilis et Metex Animal nutrition. Cela passe par la baisse des teneurs en protéines des aliments sans dégrader les performances. De nombreuses études de faisabilité et d’évaluation sont menées, comme celle de Théophane de Rauglaudre qui achève une thèse à l’université Laval au Québec, cofinancée par Metex Animal nutrition, en collaboration avec l’Inrae.

Viser la protéine « idéale »

Depuis 2020, il étudie des scénarios de baisse de la teneur en protéines et du tourteau de soja. Portant sur 106 essais relatifs à la baisse en protéines (à mêmes niveaux de lysine et d’énergie), sa méta-analyse révèle en moyenne une baisse des performances et une très forte variabilité de la croissance des poulets ainsi que de la consommation d’aliment.

La réponse animale à la baisse reste très variable lorsque la formulation des aliments ne contraint que les apports de lysine et de quelques autres acides aminés essentiels (acides aminés soufrés, thréonine, arginine, tryptophane, valine, isoleucine). En revanche, elle est maintenue et beaucoup plus homogène en ajoutant la glycine, l’histidine et la phénylalanine + tyrosine.

 

 
« À l’avenir, un autre point à étudier serait l’impact de la teneur en protéines sur le métabolisme énergétique du poulet », souligne Théophane De Rauglaudre.
« À l’avenir, un autre point à étudier serait l’impact de la teneur en protéines sur le métabolisme énergétique du poulet », souligne Théophane De Rauglaudre. © V. Bargain

« Pour réduire la teneur en protéines sans dégrader les performances, il faut contrôler tous les acides aminés essentiels », insiste le chercheur. Dit autrement, il est nécessaire de formuler en suivant la protéine idéale pour tous les acides aminés indispensables.

Le soja de moins en moins indispensable

« La baisse de la teneur en protéines s’effectue classiquement en réduisant le niveau de tourteau de soja au profit des autres matières premières, poursuit Théophane de Rauglaudre. Dans la ration, ce changement impacte d’autres nutriments : l’amidon augmente, les sucres et le potassium diminuent. Pour mieux comprendre et séparer les effets de la teneur en protéines et ceux du tourteau de soja, le jeune chercheur a réalisé un essai qui combinait deux niveaux de baisse des protéines brutes (-1,5 et -3 points de % dans la ration) et trois niveaux d’incorporation de tourteau de soja (apport normal, intermédiaire, aucun).

« Seule la ration à - 3 points de protéines et sans soja a légèrement dégradé le GMQ, sans effet sur l’indice de consommation. » Ce qui veut dire que les régimes où la teneur en protéines a été réduite parviennent à des performances identiques au témoin. Il a été possible de réduire le tourteau de soja de 64 % (par rapport au témoin) et la protéine de 30 g/kg d’aliment (-3 points de %) sans dégrader ni la croissance, ni la rétention d’azote. En enlevant tout le soja, et en baissant la protéine de 15 g/kg on parvient au même résultat que le témoin. Au final, « on peut réduire le besoin en tourteau de soja de 827 g à 0 g par poulet. »

Moins d’azote excrété et moins volatil

Le chercheur a aussi étudié le devenir de l’azote consommé dans les sept scénarios alimentaires testés. L’azote est retenu dans la carcasse du poulet (c’est la « rétention azotée »), excrété dans la litière ou perdu par volatilisation sous forme d’ammoniac (NH3), de protoxyde d’azote (N2O) et de diazote (N2).

Côté gain, l’azote de l’aliment est utilisé plus efficacement, avec une rétention azotée passant de 50 % à 57 % de l’azote ingéré. Coté pertes, « les baisses simultanées des protéines et du soja ont eu un effet double : l’azote excrété diminue (passant de 66 g de N à 46 g de N par poulet élevé jusqu’à 35 jours) et en plus sa volatilité diminue (20 % au lieu de 28 %). » Autrement dit, le poulet gaspille moins.

 

 
Baisser les protéines et le soja dans l’aliment réduit l’impact climatique du poulet

En pratique, avec moins de tourteau de soja, le poulet consomme moins d’eau car sa ration comprend moins de potassium. La litière moins humide produit aussi moins de NH3. En revanche, les émissions de N2O ne changent pas.

Le chiffrage de l’impact des baisses de protéines sur l’ensemble du cycle de vie du poulet reste à établir, en incluant l’ensemble des matières premières utilisées, notamment la fabrication et l’origine des acides aminés de synthèse.

 

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